Soirée d'appartement, ou une rencontre mouvementée

Je reprennai machinalement un massepain, sans même y faire attention. Ils était poutant délicieux, mais, toute occupée que j'étais à sonder l'assemblée, je ne me souciai guère de ce genre de détails. Mon regard dériva sur une des peintures qui ornaient le toit du Salon de l'Abondance. Une fois de plus, je ressassai le concours de circonstances qui avait réussi à me mener ici. Mon oncle, M. de Hautetour avait insisté pour m'inviter à venir auprès de lui à la soirée d'appartement qu'organisait le Roi le soir même. Grâce à son autorisation expresse signée sur papier, j'avais été autorisée à quitter Saint-Cyr avec lui. Folle de joie d'enfin sortir d'entre ces murs, mais un peu inquiète, aussi, je m'étais avec émerveillement plongée dans le monde fantastique de la cour. Toute l'après-dîner, je n'avais fait qu'être apprêtée, coiffée, maquillée, si bien que quand l'horloge sonna l'heure d'aller la soirée, ce fut pour moi une véritable délivrance, bien que cela m'ait beaucoup plus d'avoir des femmes de chambres à ma disposition, rien que pour s'occuper de mon apparence. Ma robe était en velours vert pâle, ornée de quelques voilettes, mais rien de bien prétentieux. Elégant sans être trop voyant, raffiné sans être trop décoré. Elle mettait parfaitement en valeur la forme de mon corps. Mes cheveux était harmonieusement relevé sur ma nuque en une coiffure complexe. En me regardant dans la glace, je me reconnus à peine : j'étais magnifque.

J'avais donc parue au bras de mon parrain dans le Salon d'Apollon, ou j'avais reçus mains compliment sur ma beauté et ma jeunesse, qui à chaque fois, m'avais faits m'empourprer comme une enfant. Puis j'avais accordé une danse à mon parrain. Ensuite, alors que nous venions d'entrer dans le Salon de l'Abondance pour gouter aux pâtisseries de sa majesté, il avait sursauté en voyant quelque chose dans la foule, puis se resaisit aussitôt. Il me demanda avec douceur si je lui permettai de me laisser deux seconde, car il avait une affaire absolument urgente à régler à l'instant. Bien sur, j'acceptai, et le regardai disparaître, un peu angoissée.

Et voilà donc pourquoi je me trouvai seule au milieu de ces salons, piochant distraitement des massepains sur un des trois buffets garnis qui donnaient son nom à cette salle. Autour de moi, la foule commençait à devenir écrasante. Opressée, je sentis soudain le besoin qui ne saurait attendre de m'éloigner un peu, pour pouvoir respirer et remettre mes idées au clair.
Je me dirigeai vers une des fenêtre et approchai mon visage de la vitre embuée.
Peut-être aurais-je mieux fait de rester à Versailles ? De toute façons, on ne m'avait pas laissé le choix.
Je me sentai si seule...